Deux Vampires, un Gondolier et une furieuse envie de sang...

Décidément, je ne la reconnaisais plus. Elle en venait même à devenir effrayante.
Alors que nous nous trouvions sous l'eau, elle s'empressa de me piéger en m'empêchant de bouger et enfonça ses crocs aiguisés dans ma gorge. L'immonde bruit de sucions résonna dans ma bête et je sentis le peu de sang que j'avais ingurgité battre mes tempes.

Recrachant l'air que j'avais encore dans les poumons dans un hoquet de douleur, je saisais de bouger, la laissant me vider de son sang puis-ce que c'est qu'elle désirait le plus en ce moment. Nous coulions sans qu'elle n'y fasse vraiment attention, seulement concentrée sur mon sang qui s'insinuait d'une manière sûrement délicieuse dans son organisme que le venin avait asseché.

Bien sûr, vu l'état dans lequel je me trouvais, il ne fallut pas longtemps pour que je sombre dans l'inconscience à la manière d'un misérable humain...

En effet, je ne me rendais nullement compte que nous nous enfoncions dans l'eau du fleuve. Ou alors, si je m'en rendais compte, je n'y prêtais pas attention. Mes pensées étaient assez confuses et je ne pensais qu'au délicieux goût qui coulait dans ma gorge.

Deux mains me repêchèrent alors que Ludwig était aspiré par deux autres. Apercevant le visage du vampire qui avait la plus grande aura juste en face du mien, je sortis directement les crocs et grondai pour lui montrer ma rage et le fait que je n'hésiterais pas à me défendre.

-Tu sors encore tes crocs petite dévergondée ! Cela ne te suffit donc pas d'avoir tué ton frère ? Il faut en plus que tu continues à nous provoquer sur notre territoire ?!

Il montra à son tour ses canines et je me cambrai pour essayer d'échapper à ses mains d'une puissance atroce. C'était autre chose que Ludwig, il n'y avait pas à dire ! Mon geste à peine esquissé, le premier vampire crocheta mes bras par derrière et me bloqua pour ne pas que je bouge et attaque à nouveau. C'était frustrant d'être stoppée en plein élan !

Lâchez-moi !! Ne me touchez pas !!!

A mon plus grand étonnement, ils obéirent et me relâchèrent sur la rive. Après avoir recraché le peu d'eau que j'avais avalé, mélangée avec un peu de sang, je relevai les yeux vers le premier vampire qui était en face de moi... Et je fus paralysée par une douleur inimaginable qui s'installa soudainement dans tous mes membres. Etait-ce les chocs reçus précédemment ? Non, c'était impossible !! Et je ne pouvais plus quitter le regard rouge de l'homme qui me faisait face, jusqu'à ce que je m'écroule au sol en me tordant de douleur. Il ne fallut pas plus d'une minute pour que je perde connaissance moi-aussi...

____________

La douleur du moment s'était évaporée. Celle des coups était revenue au galop. Je ne voulais pas ouvrir les yeux. Cette souffrance me faisait me sentir encore... "en vie"... Que s'était-il passé ? C'était étrange... J'avais le souvenir de m'être battue, mais j'avais l'impression que ce n'était qu'un rêve. Je ne voyais même pas le visage de mon assaillant ? Et pourquoi m'avait-il attaquée ? Qu'avais-je fait ? Et Ludwig dans tout ça ?

Je finis par me forcer à soulever mes paupières. Il faisait noir, mais ma vue vampiresque s'y habitua en quelques secondes à peine. J'étais seule, dans un espèce de cachot. Je me redressai et me rendis compte que des barreaux étaient alignés sur deux côtés de la pièce, en face de moi. Et une masse sombre était de l'autre côté, dans une cellule similaire à la mienne...

Ludwig !!

Je me précipitai sur les barreaux qui nous séparaient mais m'en éloignai aussitôt après avoir posé mes mains dessus : c'était de l'argent. Je n'avais qu'une légère brûlure parce que j'avais été rapide, mais ç'aurait été pire si je n'avais pas eu le réflexe de reculer. J'avais mal partout et un goût atroce dans la bouche. Mais que s'était-il donc passé ?

Je repris connaisance d'une manière assez nette. Sous le feu de la douleur, j'avais immédiatement ouvert les yeux et m'étais roulé sur le côté pour que mon bras blessé échappe au poids de mon corps qui me faisait encore plus souffrir. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il s'était passer?! Et puis, il y eut la stupide question. Vous savez celle qui revient à chaque fois.

Mais où est-ce que je suis encore tomber...?

Je me redressais en laissant échapper un gémissement de douleur et décidais de faire rapidement le tour de mon corps pour connaître l'étendue des dégâts. Bon le bras on en parlait déjà pas, même moi je n'osais pas regarder, pour le reste ce n'était qu'une histoire de petites blessures et de quelques coups de crocs. Je passais ma main valide dans ma gorge et remarquais les deux trous béants. Juste, elle m'avait mordu pour aspirer mon sang. Même si cette morsure ressemblait plus à un travail de boucher.

Une voix attira mon attention.

Esmée...?

Donc elle aussi se trouvait dans le coin.
Une immonde odeur de chair brûlée remplaça celle des égoûts et je m'arrêtais aussitôt de respirer. Avec tout cela, je mourais de faim et j'aurais même été capable de sucer le sang se trouvant dans un morceau de viande ou quoi que soit d'autres.

Me relevant péniblement, oui c'était un peu la honte pour un vampire mais là je me sentais plus humain qu'autre chose, je décidais de rejoindre ma soeur mais ne fit pas la même erreur qu'elle. Je m'appuyais contre le mur en soupirant pour tenter de masquer la douleur que je ressentais et décidais de m'intéresser à elle plutôt qu'à ma petite personne.

Tu n'as rien...?

Il prononça mon nom et aussitôt, je sus qu'il était vivant. J'avais le vague souvenir de l'avoir vu mourir, ou en tout cas qu'on me l'ait affirmé...

Que s'est-il passé ? J'ai l'impression de sortir d'un rêve... ou plutôt d'un cauchemar ! Tu étais là ? Avec qui me suis-je battue ?

Il s'approcha de moi et je pus remarquer ses nombreuses blessures. Il n'était vraiment pas dans un bon état et était obligé de s'appuyer contre le mur pour rester debout.

Ludwig, que t'est-il arrivé ? demandai-je en balayant sa question. Par rapport à lui, je n'avais rien, même si j'avais mal ! Mais il devait souffrir bien plus que moi...

J'ai peur... Je ne sais pas où nous sommes...

Je n'avais pas formulé d'interrogation, parce qu'il n'aurait pu me répondre, et qu'il avait déjà posé la question. Et puis, je me souvenais de notre conversation.

Elle ne mit pas bien longtemps pour me poser les questions qui lui brûlaient les lèvres. Comment j'allais bien pouvoir lui répondre sans qu'elle ne commence à paniquer? Et mais attendez une minute! Ne venait-elle pas de me demander avec qui elle s'était battue? Donc, elle avait oublier quelques parcelles des évènements de ses dernières heures... Au fond, ce n'était vraiment pas plus mal!

Je passais doucement mon bras à travers les barreaux, prenant bien sûr soin de ne pas les toucher, et caressais ses cheveux comme pour la rassurée. En fait, c'était plutôt moi que cela rassurait de la sentir à mes côtés.

C'était un mauvais rêve. Ne t'inquiète pas, cela n'arrivera plus...

Je préfèrais faire l'impasse lorsqu'elle me demanda comment je m'étais mis dans cet état. C'était le genre de chose qu'elle n'avait pas besoin de savoir, du moins pas pour le moment. Et bien sûr, comme pour tuer mon super plan de je ne dis rien, les autres vampires firent leur apparition.

La lumière s'alluma soudainement et mes pauvres yeux de vampire souffrirent quelques instants. Quel bande d'enflure, comme si nous avions besoin de cette aveuglante lumière.

- Mauvaise idée ce que tu fais là petit vampire...

Elle finira par savoir... Et lorsqu'elle l'apprendra, il est fort propable qu'elle ne supporte pas cette idée et qu'elle fasse une bêtise sans que tu ne puisses rien faire.

- Enfin tout cela, ce ne sont que nos humbles avis...

Sa main caressant mes cheveux me rassura. Il ne s'était pas laissé prendre par les barreaux, pas comme moi, triple idiote !

J'espère bien...

Rien que d'y repenser, je me sentais mal. La lumière s'alluma brusquement et je fus éblouie par son intensité. J'eus d'ailleurs un sursaut en entendant la voix des vampires peu de temps après. Mais de quoi parlait-il ? De la bataille ? M'étais-je battue contre l'un d'eux ? Il y avait les égouts, ces vampires étaient là. Puis un autre était apparu. Serait-ce contre eux que Ludwig et moi nous étions battus ?

De quoi parlez-vous ? J'ai fait... quelque chose de mal ? Je sais que ce n'est pas bien de se battre... Et si j'ai blessé l'un de vous, j'en suis sincèrement désolée. Mais pourquoi nous avoir enfermés ici ? Ne pouvons-nous pas rentrer chez nous ??

Je leur sortis ma spécialité : les yeux de chien battu ! Je détestais cet endroit bien plus encore que cet hôtel sordide. Il me tenait éloignée de mon frère alors qu'il était si proche...

Face à cette scène si... pitoyable, l'un des deux vampires éclata d'un rire sonore. Les yeux de chien battu, spécialité de ma tendre soeurette, faisait tout le contraire des effets escontés. Il mit quelques instants avant de pouvoir se calmer, mais finis par l'observer sans glousser. L'oeil pétillant, il s'avança vers la cage et en déverrouilla la porte. Il fit de même avec celle qui m'enfermait. Cela voulait tout dire, ils ne nous craignaient aucunement.

- C'est plutôt à ton compagnon que tu devrais poser des questions...

Quelle agréable manière de me refourguer le bébé. Déjà que le fait qu'elle l'apprenne ne serait pas simple, mais si en plus c'était moi qui devait m'en charger. Saleté de Vampire Italien!

- Pour le reste, il est hors de question que nous laissions un duo tel que le vôtre traîner en Italie. Vous allez avoir la chance d'être nos hôtes durant une courte période.

Suite à ma remarque, il se mit à rire, alors que je ne trouvais pas cela marrant du tout ! Mais le principal fut qu'il daigna enfin nous ouvrir, ce qui était plutôt rassurant. Ma petite stratégie s'était révélée efficace ! J'hésitai un instant à sortir, impressionnée par leur allure, mais je me décidai à le faire pour rejoindre mon frère.

Lulu, tu me racontes ? Ou est-ce que c'est quelque chose que je n'aimerais pas savoir... ?

J'avais fini par penser que s'il ne me disait rien, c'est que c'était quelque chose que je ne supporterais pas d'entendre. Ca par contre, c'était extrêmement loin d'être rassurant !!

Vraiment ? C'est gentil à vous de nous héberger ! Je savais bien que tout ceci n'était qu'une erreur ! Mon frère et moi repartirons aussitôt après, c'est promis !

Tu détesterais ce que j'ai à te dire... Mais si tu désires savoir de quoi il s'agit, alors je t'expliquerais toute l'affaire. Je n'oublierais aucun détail, même si ceux-ci sont sanglant et dur à entendre.

Sortant à mon tour de la cellule, j'allais me planter devant les Vampires, ayant bien compris le sens de "courte durée". Esmée était bien trop naïve, ou peut-être aurait-elle pu comprendre si elle était au courant de tout, mais ça nous le savions déjà.

Merci... articulais-je, froidement.

Qu'est-ce que vous voulez de nous maintenant?! La "sympathie" dont vous faites preuve avec nous n'est sûrement pas gratuite.

Oui, ça j'en aurais mis ma main à couper!

Mais peut-être cette discussion n'a t'elle pas sa place en ce lieu. Avons-nous droit à une chambre ou à une geôle, un peu plus confortable?

- C'est que notre petit Allemand se permet bien des choses. Bien sûr mon noble sir, nous n'allons pas vous laissez moissir ici. Si vous voulez bien passer devant...

Accompagnant son geste d'un signe de la main, il m'invita à me diriger vers la porte, ce que je fis après quelques hésitations. Je n'eus pas le temps de faire quelques pas que déjà la colère de l'italien s'abattit sur moi sous la forme d'un violent coup de pied dans le creux du genoux. Je tombais en avant, ne trouvant pas la force de me rattraper. L'enfoiré!

Je vais y réfléchir alors... On en reparlera plus tard, et ailleurs.

A vrai dire, je n'avais pas envie qu'il me déballe mes méfaits tout de suite, devant ces gens que je ne connaissais pas, dans cet endroit que je ne remettais pas plus.

Je laissai agir Ludwig, me disant qu'il était plus doué que moi en négociations. Enfin, jusqu'à ce coup auquel je ne m'attendais absolument pas ! J'en restai un instant paralysée, me demandant si j'avais bien vu. Il l'avait réellement frappé après ces paroles plutôt gentilles ?

Mais... Qu'est-ce qui vous prend ?

Lorsque je pus bouger, je rejoignis mon frère et m'agenouillai à côté de lui pour l'aider à se relever.

Ca va ?

Question idiote, mais l'idiotie était chose fréquente chez moi...

Me relevant en grognant légèrement, j'acceptais l'aide d'Esmée en étant pas vraiment fier de ma faiblesse. Je m'étais fait avoir comme un bleu! Certes, ils étaient plus fort et bien plus vieux que moi, j'aurais du ressentir le coup qui arrivait quant il me frappe.

Furieux je me tournais à nouveau vers lui et sondais quelques instants son esprit. J'avais fait en sorte de ne rien voir depuis que nous les avions rencontrer mais là, je voulais être certain que ce type ne me ferait pas encore un mauvais coup.

Je suppose que ceci n'était qu'une tape amicale placer à un mauvaise endroit. Vous avez l'air d'avoir quelques problèmes pour viser, je me trompe?

Retenant un sifflement mauvais entre mes dents, je rejoins la porte et l'ouvris à la volée pour m'engager dans le couloir où régnait un froid glacial. Puis-ce qu'il m'avait inviter à avancer, autant le faire!

Il accepta fort heureusement mon aide et il se releva, pas des plus contents. Et je le comprenais, face à la réaction des vampires qui étaient loin d'être agréables.

-Vous avez tout à fait raison, mon petit. Mais vous savez, avec l'âge, on ne voit plus très bien...

Son large sourire semblait dire tout le contraire de ses paroles.
Ludwig venait de quitter la pièce pour le couloir. J'hésitai un instant à le suivre, c'était loin d'être poli, surtout qu'il avait manqué de peu de briser la porte !

-Eh quoi, tu ne sais pas quoi faire ?

A vrai dire... Pourquoi avez-vous fait ça ? lui demandai-je, perplexe.

-Tu es une marrante toi ! Tu le fais exprès ou tu n'y comprends rien à rien pour de vrai ?

De quoi parlez-vous ?

Encore une fois, il éclata de rire et fut bientôt suivi de son compagnon. Cependant, le premier se transforma bien vite en un grognement et, effrayée, je me décidai à rejoindre Lulu en courant. Hélas, il arriva devant moi et me barra la sortie, ce qui m'empêcha de passer.

-Pas si vite, petite !

Un sourire vicieux plaqué sur les lèvres, le bel italien se pencha vers elle pour la toiser durant quelques instants. Il se posait sérieusement des questions sur cette Vampire tombée du ciel qui malgré ses cent ans se comportait comme une ingénue et dont les réflexions ne semblaient pas dépasser le stade des dix ou douze ans. Après de courtes secondes de silence, il effleura doucement la joue d'Esmée du bout des doigts pour ensuite tourner les yeux vers son comparse qui jusqu'ici se contentait d'observer en spectateur.

- Puis-je? murmura-t'il de sa voix divinement musicale.

L'homme au visage dur hocha vaguement la tête avant de disparaître dans un nuage de poussière blanchâtre. L'entrepôt dans lequel ils s'étaient installer devait avoir été par le passé un endroit où l'on stockait du plâtre ou un autre matériaux du genre.

Pleinement satisfait en cet instant, l'italien ferma la porte de la pièce du bout du pied et retourna son attention sur sa petite prisonnière. Il sourit une nouvelle fois, puis agissant soudainement, il utilisa son pouvoir sur elle. Ainsi pétrifiée, il allait pouvoir jouir pleinement de sa victime comme il l'avait toujours fait. Et dire que pour toutes les femmes qu'il côtoyait, le vampire était un homme charmant. Si elles savaient...

Il me barrait la porte, je ne pouvais pas rejoindre mon frère tant qu'il était devant moi. Il se pencha pour m'observer, et je fis deux pas en arrière. Je n'aimais décidément pas du tout la manière dont il se comportait. Il effleura alors ma joue du bout des doigts et j'éloignai mon visage pour ne plus qu'il me touche ! Non mais !

De sa voix de vampire, une voix musicale, il demanda à l'autre s'il pouvait. S'il pouvait quoi ? Me laisser partir ? Ca oui, je lui donnais ma permission ! Je ne voulais qu'une chose en cet instant : rejoindre mon frère.
Le deuxième disparut et celui qui me faisait face ferma la porte sans même se retourner, simplement avec son pied.

Vous allez me laisser part....

Ce fut étrange : j'étais dans l'impossibilité de terminer ma phrase. J'étais paralysée, même ! Mes membres ne me répondaient plus, je ne pouvais plus bouger, plus esquisser le moindre geste. Mon regard en fut d'autant plus paniqué... J'aurais dû crier après Ludwig tant que je le pouvais !

Le moment où l'on pouvait lire la terreur dans le regard de la proie était sûrement ce que préférait l'italien. Surtout lorsque la proie était un vampire, elle aussi. Cela semblait encore plus intense, surtout lorsque l'on pensait que cette fameuse proie si elle avait été libre aurait pu lui briser la nuque avec facilité s'il n'avait pas été prudent.

- Panique petite fille, le jeu n'en sera que plus amusant...

La belle ordure ne perdit pas une minute de plus et décida de taquiner un peu le cou de sa victime du bout de ses lèvres. Il frissonna de plaisir rien qu'en pensant à ce qui allait suivre. Alors qu'il détachait tranquillement la robe d'Esmée, il lui sussura doucement qu'elle était de loin la plus belle adolescente qu'il avait eu l'occassion de rencontrer.

- Tu as une peau tellement douce. Elle n'a pas la même odeur et encore moins la même dureté que celle des autres vampires. As-tu un secret petite fée aux dents pointues?

Bon sang, ce que j'aurais dû suivre Ludwig tout de suite, sans hésiter ! Oui, je paniquais... Mais je n'étais pas une petite fille ! Et de quel jeu parlait-il ? J'étais vraiment déboussolée de ne pouvoir faire un seul mouvement. Et Ludwig qui ne faisait pas demi-tour... Allait-il m'abandonner là ?

Ses lèvres atterrirent dans mon cou et je crus qu'il allait me mordre. Ainsi, c'était mon sang qu'il voulait. Le sang d'un vampire... C'était ce qui l'intéressait. Quoique... Non, il n'allait pas faire ça ?! Me détacher ma robe de cette manière... Et en me murmurant que j'étais la plus belle jeune fille qu'il avait rencontré, que ma peau était douce. Il allait même jusqu'à me poser des questions alors que je ne pouvais pas lui répondre... Un secret ? Non, je n'avais pas de secret de ce genre !

De toute façon, sur le moment, je voulais tout faire pour m'enfuir. J'essayais, par ma volonté, de faire bouger mes muscles. Mais il fallait croire qu'elle n'était pas assez forte...

Le silence était...trop silencieux justement! Certes, il était bon de ne pas entendre les gémissements plaintifs de la petite demoiselle mais il y avait des limites. Alors, juste comme ça, le vampire décida de relâcher son emprise sur elle et il enserra sa taille, aussi juste pour ça. Mais bon c'était aussi pour l'empêcher de courir partout dans la pièce, on ne saît jamais qu'elle se soit blessée et que l'odeur du sang se répande ici.

- Alors gamine, tu te sens mieux comme ça?

Il ne fallait souvent pas grand chose pour calmer ce genre de fille. Un peu de gentillesse et quelques plaisanteries et hop, elle se glisserait dans ma poche si je lui demandais. N'empêche, cela aurait été vachement pratique de balader des femmes comme ça quand elle n'était pas utile au moins on ne les entendait plus. Un mufle, moi? Quel compliment!

- Tu as des préférences pour le lieu et la manière? Autant faire cela avec ton consentement en fait, on rigolera moins mais cela sera plus rapide.

Son bras enserra ma taille, mais je pus enfin bouger à nouveau ! Je m'en rendis compte à retardement, si on peut dire. Juste quelques instants après qu'il ait libéré mon corps de son emprise.

Lâchez-moi ! Qu'est-ce qui vous prend ?

Si je me sentais mieux ? Non, j'avais toujours aussi peur, j'étais toujours aussi paniquée, et je ne voulais toujours qu'une seule chose : sortir d'ici ! Sortir d'ici et rejoindre Ludwig. Je me sentais bien plus en sécurité avec lui...

Je... je ne suis pas une fille de ce genre ! Jamais vous n'aurez mon consentement, espèce de brute ! Lâchez-moi, je vous dis !

Je le giflai avec toute la force dont j'étais capable, mais ma main, tout comme le reste de mon corps, tremblait.

Je ne vous laisserai pas faire... le menaçai-je en me débattant de plus belle. Mais c'est qu'il avait de la force, cet italien...

Mais c'est qu'elle avait un certain caractère la petite. Je m'étais peut-être tromper sur la poupée qui se tenait face à moi, au fond elle devait avoir un sacré caractère. Et c'est bien sûr seulement maintenant que je compris que son clan devait en voir de toutes les couleurs à cause d'elle. Parce que naïve et avec un caractère certain, cela ne devait pas être facile tous les jours.

- Je ne te demandais que ton avis. Cela ne voulait pas non plus dire que je l'écouterais et que j'en tiendrais compte. Nous allons donc faire comme je veux et je te propose de quitter cet endroit peu confortable pour nous rendre dans ma chambre. On sera mieux tu verras, jeune vampire.

En lui laissant un faible contrôle sur son corps. Je voulais qu'elle puisse parler, lentement et à voix basse, et qu'elle puisse aussi marcher gentillement en suivant mes ordres. J'ouvris donc la porte et en la tenant contre moi, je lui indiquais le chemin de la pièce qui m'était réservée.

- J'espère que nous n'allons pas rencontrer ton frère. Je n'aimerais pas avoir à le combattre pour profiter de toi. Ah là, là que c'est jaloux les frères aînés...

Même s'il m'avait "demandé mon avis", il m'avoua qu'il n'en tiendrait compte quoi que je lui dise ! Il me "proposa" donc de quitter cet endroit pour rejoindre sa chambre qui serait plus confortable.

Je ne veux pas y aller !

Mes gestes devinrent soudain plus difficiles, même si je pouvais encore bouger. Il avait repris le contrôle de mon corps, et c'était à peine si je pouvais murmurer... Je ne pourrais même pas crier une fois dans le couloir ! Il le faisait exprès... Il ne voulait pas que j'appelle Ludwig à l'aide. En avait-il peur ?
Il ouvrit la porte et ne me lâcha pas d'une semelle, me gardant contre lui. Mes gestes étaient tellement ralentis et tellement plus difficiles que je ne pouvais même plus dire de me débattre un tant soit peu. Je ne pouvais pas crier, presque pas bouger, juste marcher et murmurer. Quel démon !

Si vous veniez à le combattre... vous perdriez, c'est pour ça que vous en avez... peur ! Et vous avez raison...

Même dans un état semi-léthargique, la gamine trouvait encore le moyen de faire de son nez! Moi avoir peur de son abrutis de frère? Non mais elle rêvait. Je n'avais peur de personne et sûrement pas d'un petit gars d'une centaine d'années incapable de se servir de sa tête avant d'utiliser ses muscles. Il me faisait vraiment penser à un de ses athlètes américains. Le genre qui court avec un ballon oval en se rentrant dedans...

- Ne dis pas de sottise. Je détruirais ton précieux frère avant même qu'il n'ait le temps de bouger le petit doigt! A ton âge, on ne croit plus que son grand-frère est le fort, le meilleur. Il serait temps que tu fasses face aux réalités de la vie...

Franchement, j'en venais même à penser que cette fille était désespérement fatiguante. J'aurais du lui couper totalement la parole au lieu de la laisser papoter. Enfin je pouvais toujours le faire, mais je préférais avoir sa réponse avant cela. Juste pour voir comment elle allait réagir à mon petit commentaire sur son allemand de frère.

- Avance! Je n'ai pas que ça à faire... soufflais-je en la pressant.

Détruire mon frère ? Cela me faisait bien plus peur que ce qu'il pouvait me faire à moi-même. Pourquoi ? Parce qu'il était mon frère, ma dernière réelle famille, quoi qu'on en dise, et aussi mon jumeau, bien entendu...

Je sais bien que ce n'est pas le plus fort... mais je l'aime comme il est...

Oui, c'était vrai. Même si j'avais choisi d'aller avec Wolfgang. D'ailleurs, je ne me souvenais même plus de la raison qui m'avait poussée à faire ça ! De toute façon, ce n'était pas le moment d'y penser !
Il me pressa en me soufflant qu'il n'avait pas que ça à faire. Eh bien, qu'il fasse autre chose, dans ce cas !

Vous n'avez qu'à me laisser partir... ça libérera votre emploi du temps !

Je ne savais pas pourquoi j'étais aussi remontée. Peut-être parce que je ne pouvais rien faire d'autre... Je ne voulais pas me taire pour lui donner raison. Pas tant que je pouvais parler, ou en tout cas me faire entendre.

- Très drôle ta plaisanterie! Vous avez tous ce genre d'humour là d'où tu viens?

Stupide vampire incapable de la fermer! Moi qui croyait passer un bon moment, je me retrouvais avec une vrai gamine cette fois. En clair, physiquement elle avait l'air d'une petite fille, mentalement c'était pas triste non plus, mais en plus c'était pareil lorsque l'on parlait de sa manière d'agir. "...mais je l'aime comme il est...", il fallait vraiment être stupide pour sortir un truc pareil. L'amour n'avait pas sa place dans notre monde nocturne, seule l'âme soeur comptait!

- Le vice et la luxure ne t'ont donc jamais touchée?

Pour un soucis de tranquillité, j'avais préférer passer un autre sujet. Cette fille donnait envie de l'observer en silence pour ensuite la disequer et tenter de comprendre comme elle était intérieusement. Un vrai phénomère scientifique à mon avis!

C'est fou ce que les couloirs peuvent paraître longs... Même quand on est un vampire!

Je préférai ne pas lui répondre. Ce n'était pas entièrement de l'humour, j'avais bien escompté qu'il me laissât m'en aller ! Malgré mes efforts, il ne voulait pas... Je ne pouvais même pas courir, c'était frustrant !
Il changea soudain de conversation, me parlant de vice et de luxure. Je tournai lentement la tête vers lui et le fusillai du regard, n'en disant pas plus. Enfin, fusiller était un bien grand mot... Non, il pouvait lire ma terreur au fond de mes yeux, c'était certain ! Cette question me semblait à double sens. Il avait déjà commencé à me déshabiller, même si ma robe tenait encore. Il ne l'avait pas entièrement détachée. Voulait-il vraiment que je lui réponde ? Que je lui dise tout ? Non, je ne dirai rien ! Et tant pis si mes yeux le lui disaient à ma place, je ne pouvais hélas rien y faire. Mais au moins, je me serais tue là-dessus, je n'aurais pas joué à son petit jeu.

*Ludwig, je t'en prie... Où es-tu ?*

Je ne pouvais m'empêcher de penser à lui. A mesure que nous avancions, je sentais les larmes me piquer les yeux. Je ne voulais pas y aller, je ne voulais pas ! C'était comme marcher dans le couloir de la mort en attendant le châtiment, la torture...

- Je prendrais donc cela pour un oui... Ah cela faisait longtemps que je n'avais pas côtoyer une vierge. Elles sont inimitables!

Et comme il était le seul à comprendre son humour et le réel sens de ses paroles, il éclata de rire en plein milieu du couloir, sa main allant frapper sa cuisse. Il n'y avait pourtant aucune raison de s'éclater tout seul alors qu'on allait violer une fille? Les vampires italiens avaient décidément une façon bien à eux de voir les choses.

- Lâche-la tout de suite, foutu suceur de sang débile!

- L'arrivée du héros... Enfin! Je désespérais de te voir apparaître. Un instant, j'ai cru que tu étais réellement partit et que j'allais devoir me taper cette gamine pour passer le temps. Néanmoins, j'avais espérer une manière plus chevaleresque de débarquer. Tu vois gamin, tu aurais pu arriver en courant, exténué, me coller une droite en pleine figure pour ensuite la prendre dans tes bras en la rassurant, mais non toi tout ce que tu fais c'est me traîter de "foutu suceur de sang débile". C'est du niveau d'un élève de primaire ça, je me trompe?!

- La suite arrive! Il faut pas être impatient comme ça, tu vas gâcher mes effets de surprise! grognais-je en lui bondissant dessus.

Mon poing alla en effet frapper son visage, mais contrairement à son plan, je le frappais à nouveau jusqu'à ce qu'il soit à terre et que je puisse lui balancer un shoot dans l'estomac.

- Vieux débris!