Deux Vampires, un Gondolier et une furieuse envie de sang...

Oui, tu as raison... Mais il doit bien y en avoir qui viennent faire la fête le soir, non ?

Je n'étais pas sûre de ce que je disais, mais cela me semblait possible. Nous étions dans une grande ville, après tout !

Il affirma ce que j'aurais plutôt voulu qu'il nie : il y avait des rats près du canal ! Je n'aimais pas particulièrement ces petites bestioles toutes poilues qui grouillaient dans les endroits sombres. J'en avais vu un une fois, lorsque j'étais encore... en vie... et il avait failli me mordre ! D'ailleurs, Ludwig était avec moi, et c'était sur lui que la faute était retombée, parce qu'il était censé me surveiller... C'était étrange que d'aussi vieux souvenirs me remontent à l'esprit, surtout maintenant !

On ne peut pas passer par un autre chemin ? l'interrogeai-je en espérant que la réponse serait positive.

Peut-être... Tu me poses une colle, n'oublie pas que nous ne venons pas d'ici et que les moeurs de ce pays nous sont totalement inconnues.

Elle sembla fort réticente à l'idée de passer par les bords du canal. Pourtant c'était un passage incontournâble dans cette ville, il allait bien falloir qu'elle se fasse à cette idée. Mais je comprenais néanmoins qu'elle ne soit pas des plus rassurées.

Ce n'est pas comme si tu allais t'y retrouver toute seule. Je te protégerais moi de ces grands vilains rats s'ils décident de s'approcher de nous.

M'emparant de sa main au contact glacé, je lui intimais de me suivre en la tirant légèrement. Nous n'allions pas passer notre temps à discuter là-dessus alors que nous n'avions de toute façon pas le choix!

Aller ce n'est qu'un mauvais moment, si nous nous dépêchons nous seront vite à l'hôtel.

On ne sait jamais...

Il me promit de me protéger des ces vilains rats... J'avais l'impression d'entendre un petit garçon me dire ça ! Mais c'était plus rassurant maintenant, malgré notre mésaventure enfantine.

D'accord, alors je veux bien y aller. Mais ne trainons pas !

Au lieu de me contenter de sa main, je ne pus m'empêcher de m'accrocher à son bras. Je le suivis alors qu'il partait déjà en direction du fameux canal.

J'espère que nous ne devrons pas y rester trop longtemps... Je n'aime pas cette chambre !

Par chance, ma promesse de protection sembla lui suffir pour se convaincre de passer par les bords du canal. Alors que je m'étais contenter de serrer sa main, elle m'agrippa le bras avant de me suivre jusqu'à la fin de la ruelle. Il ne nous fallut que quelques secondes pour aperçevoir l'eau, pas très propre d'ailleurs, ainsi que le chemin que nous allions devoir emprunter pour retourner dans le trou à rat qui nous servait de repaire en attendant de pouvoir quitter Venise.

Je te comprends... Même les cellules de la prison des Temples me semblaient plus cosy comparer à cet hôtel.

Pressant le pas, j'espèrais intérieurement que le soleil n'apparaîsse pas sur la facade avant que nous ayons eu l'occasion de tourner pour rejoindre le pas de la porte de notre abris. Heureusement, pour le moment les gondoliers ne montraient pas le bout de leur nez ce qui n'était vraiment pas plus mal.

Je me contentai de hocher la tête à sa réflexion. S'il le disait, c'est que c'était vrai !

Nous nous engouffrâmes dans un endroit plus noir et le silence se fit, seulement rompu par le bruit sourd de l'eau. C'était comme si nous étions passé dans une autre dimension car Venise avait disparu. Je ne respirais plus pour ne pas avoir à apprécier l'odeur des égouts.

Il y eut un léger courant d'air, ce qui attira mon attention : ce devait être un rat !!

Ludwig... Ne le laisse pas approcher !!

-De qui parles-tu ? lança une voix devant nous. Ce n'était pas un rat...

-Vous deux, commença une autre voix masculine, mais venant de derrière nous cette fois-ci, qui êtes-vous et que faites-vous ici ?

Ils avaient l'air menaçants dans leurs propos...

Un rat?! Bah ce n'était pas comme si elle avait totalement tort, même si ce fameux rat était assez grand, sûrement le plus massif de son espèce. M'arrêtant net, je relevais les yeux vers le Vampire qui se trouvait devant nous et qui venait de questionner Esmée, sans montrer un quelconque signe de violence. Avec un peu de chance, ils nous ficheraient la paix et nous n'aurions pas besoin de nous battre pour quitter la ville.

C'est le deuxième qui entama les pour-parlers d'une manière un peu plus officielle. Il était derrière lui et je pris donc la peine de me retourner pour le toiser quelques instants avant de répondre d'une voix parfaitement calme. C'est dans un italien à peu près compréhensible que je tentais de m'exprimer.

Je me nomme Ludwig et voici ma soeur, Esmée. Nous venons dans d'Allemagne et c'est dans le but d'assister à la séance annuelle du Sénat Vampiriques à Rome que nous nous trouvons en Italie. Nous nous sommes perdu et c'est pour cela que nous avons débarquer à Venise sans prendre garde au fait qu'un autre clan se trouvait déjà sur ce territoire. Nous ne voulons pas vous attirez de problème et il est hors de question que nous touchions à un des habitants de votre ville. De toute façon, nous partirons dès la tombée de la nuit...

Les deux vampires écoutèrent Ludwig parler. Le premier, après cela, se mit à parler en allemand.

(Vampire 1) -Qui nous prouvent que tu dis la vérité ? Rome est très éloigné de Venise...(Vampire 2) -De plus, la séance a été reportée à cause d'un problème technique. Vous n'êtiez pas au courant ? Comme c'est étrange pour des gens qui s'y trouvaient...

Ils se retrouvèrent tous les deux en face de moi, Ludwig étant toujours de dos.

Pourtant, c'est la vérité... Nous ne savions pas qu'il y avait eu un report. Que s'est-il passé ?

-Donc, vous ne le savez pas...

Le premier montra les crocs en signe de menace. Il n'avait pas apprécié mes paroles, apparemment...

Je... non nous n'en savons rien... nous sommes désolés...

-Mais le fait est que vous êtes sur notre territoire ! Et vous êtes affamés...

Un incident? Mais qu'avait-il bien pu se passer pour qu'un évènement aussi important soit reporté?! Je dois avouer que je ne pus m'empêcher de sentir monter en moi une pointe d'inquiétude. Et si cela avait quelque chose avoir avec nous? Après nous n'avions aucune idée de ce qu'il s'était passer après que nous ayons aider les deux lupins!

Je me tournais vivement vers eux et montrais les crocs à mon tour, je ne comptais pas le laisser lui manquer de respect de cette manière. Il n'avait aucune raison de se comporter de la sorte alors qu'elle avait juste répondu à sa question.

Je ne tiens pas à ce que cette histoire se transforme en bain de sang les gars! Nous avons appris à nous retenir et comme je vous l'ais dit ce soir nous ne serons plus entre vos murs. Ce n'est pas en quatre heures que nous allons péter les plombs à cause d'une envie de sang...

Ce fut au tour de Lulu de montrer les crocs, ce qui n'allait nullement arranger nos affaires, même si c'était plutôt rassurant de le voir réagir ! Par contre, cela augmentait l'agressivité des deux vampires qui étaient certainement prêts à nous attaquer.

-Range tes crocs mon garçon, tu ne fais pas le poids contre nous !

Un autre vampire, qui semblait bien plus vieux que tous ceux présents ici, apparut auprès des deux autres. Ceux-là ne le saluèrent pas physiquement, mais on pouvait sentir qu'il était sans aucun doute le chef, ou du moins le plus ancien.

-Et, comme vous l'on dit mes amis ici présents, vous êtes sur notre territoire. Venise nous appartient, et vous avez bafoué nos frontières sans y être autorisés. Nous ne tolérons pas ce genre d'affronts ici, voyez-vous !

Malgré ses dires, à aucun moment il ne fit mine de vouloir nous attaquer ou de sortir ses canines si bien aiguisées. Il resta silencieux un instant et la tension qui régissait dans ces égouts pesait de tout son poids.

-Néanmoins, au vu de votre jeune âge et de votre poignante obstination, je veux bien vous accorder le bénéfice du doute. Si vous quittez les lieux sur l'heure, il ne vous arrivera rien.

Je n'aimais pas voir ces vampires nous traîter de la sorte mais pour une fois, je devais bien avouer que cet homme avait raison. Je ne pourrais pas les éliminer seul, surtout s'ils avaient tout un clan derrière eux. Donc j'avais tout intérêt à rester calme.

C'est bon, c'est bon...

Le troisième me fit une sale impression. Il dégageait une de ses forces, cela en était perturbant. Je ne pus donc pas m'empêcher de faire deux pas en arrière, entraînant Esmée dans mon mouvement.

Mais cet impossible!! Comment voulez-vous que nous quittions votre territoire en plein jour?! Nous avons toute les chances de nous faire voir par les humains, c'est beaucoup trop risquer...

Je reculai avec Lulu sans opposer aucune résistance. Je savais qu'il valait mieux obtempérer sur le champ.

- Débrouillez-vous, mais ne restez pas sur nos terres plus longtemps !

Une odeur subtile s'infiltra peu à peu autour de nous, venant petit à petit saturer l'air : du sang. Et ce n'était pas loin de nous... C'était du sang humain, et il semblait couler abondamment. Nous n'avions rien entendu pourtant.

Ludwig... Ludwig j'ai faim...

J'arrêtai ma respiration et crispai mes doigts sur son bras. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire, loin de là !

Okay... On va dégager immédiatement!

Je sentis soudainement la main d'Esmée serrer violement mon bras alors qu'elle m'annonçait qu'elle avait faim. Il était vrai que nous étions affamés et que vu la pauvre alimentation de ma soeur, ce serait la première à craquée face à cette alléchante odeur de sang.

C'est pas le moment, Esmée!

Je me retournais vers elle et plaquais la main sur son visage, juste au-dessus de sa bouche et de son nez.

- Vous agravez votre cas, les enfants. Dégager avant que je ne me fâche réellement.

Ouais, elle va quand même pas chasser chez nous!

Je sais...

Ce furent les derniers mots que je pus prononcer avant qu'il ne me plaque sa main sur la bouche et sur le nez pour m'empêcher de renifler cette alléchante odeur.

Je suis désolée, réussis-je finalement à articuler.

Je ne voulais pas avoir d'ennuis, et encore moins en causer à mon frère ! Je m'en serais beaucoup voulu !

Ludwig, allons-nous-en s'il te plait...

Même si ma voix était étouffée, j'arrivais à articuler. Mais chaque fois que j'ouvrais la bouche, l'odeur revenait de plein fouet, malgré la main de Ludwig.

Eloignons-nous...

C'est pas grave. C'est pas comme si c'était vraiment de ta faute. On peut voir ça comme une erreur de timing...

Là, je voyais déjà le coup que j'allais devoir lui courir après dans tout Venise pour l'empêcher de se jeter sur un pauvre humain qui n'avait fait de mal à personne. Bon la partie "qui n'avait fait de mal à personne" je m'en foutais un peu, mais sûrement pas elle. Et encore moins les membres du clan de vampires qui nous faisaient face en ce moment.

Oui c'est la meilleure chose à faire...

Hésitant quelques instants, je bougeais ma main et me tournais vers les trois hommes qui semblaient toujours interdit devant la situation. Ils étaienent maintenant d'une humeur massacrante, persuadés qu'elle allait se mettre à chasser en plein jour et dans leur ville en plus.

- Débarassez le plancher! Nous avons déjà été assez gentille comme cela...

Je leur adressais un bref signe de tête avant de nouer doucement mes doigts à ceux d'Esmée et de retourner mon attention vers elle. Je murmurais un bref "partons" à son attention avant de me mettre en route, adoptant une marche rapide qui s'apparentait bien plus à la course humaine mais qu'importe. Le plus important en ce moment était de déguerpir avant que le pire ne se produise!

Une erreur de timing vraiment malvenue ! Et je ne savais pas si j'allais pouvoir résister longtemps à l'appel de mes crocs qui appelaient déjà à s'enfoncer dans la chair d'un humain pour lui aspirer le sang... Je trouvais cette envie totalement dégoûtante et inadmissible, mais elle était bien présente, malgré mes efforts pour la repousser. Je n'aurais sans doute eu aucun mal à me retenir de manger, je le faisais bien souvent par le passé, si cette odeur n'était pas survenue aussi subitement...

Je serrai bien plus encore les doigts de Ludwig lorsque ceux-ci prirent possession des miens, murmurant un presque inaudible "partons". Et nous commençâmes à quitter les lieux rapidement.

Ludwig... commençai-je lorsque je me stoppai.

Mes yeux d'un noir de jais réclamaient la vue du liquide pourpre immédiatement. Et justement, je percevais le battement régulier d'un cœur, et le doux ruissellement du sang dans les veines et plus particulièrement dans les jugulaires d'un individu à une dizaine de mètres de nous. En moins d'une seconde, je lâchai ses doigts, déviai ma trajectoire, mue par un instinct tout à fait bestiale. Je n'étais même plus moi, comme la dernière fois...

Le gondolier qui faisait une pause sur le bord de l'eau, à l'entrée des égoûts, n'eut pas le temps de me voir arriver. Seul un vampire aurait pu percevoir mon mouvement, sans pour autant pouvoir le stopper. Mes canines se plantèrent aussitôt dans sa gorge et je sentis le sang couler abondamment dans ma bouche. C'était le plus doux nectare au monde...

Et voilà comment l'impensable se produisit.
Alors que je prenais soin de ne pas lâcher la main de ma soeur, celle-ci me fila entre les doigts, appelée par l'hémoglobine qui manquait sérieusement à son organisme. J'avais fait la bêtise de penser que Wolfgang la forçerait à se nourrir - même avec du sang animal venant de la boucherie - mais il fallait croire que j'étais complètement tomber à côté de la plaque. Animée par ce puissant désir, il devenait presque difficile de la reconnaître et sa force semblait décuplée. C'est seulement dans ces moments-là que ces facultés surhumaines lui étaient utile. J'aurais pourtant aimer que cela arrive à un autre moment...

Restant interdit durant quelques petites secondes - cela lui avait suffit pour tuer l'homme bien évidement - ma réaction fut pourtant par la suite immédiate. Je fondis sur Esmée et lui envoyais un violent coup d'épaule pour l'éjectée plus loin. Cela entraîna d'une manière assez dégoûtante la décapitation du gondolier mais là où il se trouvait cela ne devait pas franchement le déranger.

Perché sur l'embarcation, je toisais les trois vampires dont les traits avaient brusquement changer. Ils étaient en colère et en ce moment, leur envie la plus forte était sûrement de nous éliminer au plus vite puis-ce que cet acte d'Esmée avait été vu comme une déclaration de guerre. Déjà que j'allais avoir bien du mal à gérer ma jumelle, mais alors pour les trois italiens, c'était déjà perdu d'avance!

Alors que je dégustais ce subtile goût italien, pas forcément de première qualité mais tout de même acceptable, Ludwig me percuta à une vitesse elle aussi hallucinante, me donnant un coup d'épaule. Je fus éjectée mais n'atterris pas dans l'eau. Cela ne m'empêcha pas d'être extrêmement mécontente d'avoir été interrompue de la sorte dans mon repas !

Montrant mes crocs ensanglantés, un grondement de colère s'échappa de ma gorge en direction de mon jumeau, qui était à côté de ma proie décapitée. Je ne voyais ni ne sentais plus les trois vampires. Il n'y avait plus que Ludwig, celui qui m'avait volé ma nourriture, mon sang !

Profitant du fait qu'il jetait un œil aux vampires, je fis un grand bond pour atterrir non plus sur la barque, mais directement sur lui, le clouant au sol avec violence. Je me sentais d'humeur assassine, n'était-ce pas curieux ? Je grognai encore une fois sur lui. J'étais vraiment prête à le blesser... Je ne me contrôlais plus...

Le grondement que j'entendis dans mon dos me pétrifia. La dernière fois que j'en avais entendu un de ce genre sortir de la gorge d'Esmée, cela avait mal tourner. Cela avait beau être arriver qu'à une seule et unique reprise, j'en gardais des souvenirs excellents.

Mais vu qu'il y avait les autres, je préférais garder mon attention sur eux, les croyant plus dangereux que ma soeur. Peut-être avais-je tort car lorsqu'elle se jeta sur moi, je n'eus pas le temps de réagir. Je me retrouvais sur la rive, face contre terre, Esmée juchée sur moi et m'empêchant de bouger.

Je l'envoyais pourtant bouler, en me redressant rapidement à l'aide de mes bras. Cette fois, je décidais de me tenir à une distance résonnable d'elle, lui faisant surtout face. J'étais prêt à la recevoir puis-ce qu'elle ne semblait pas apte à se calmer sans l'usage de la violence. Et au diable les autres vampires...

- Je rêve... Ils font nous faciliter la tâche en s'éliminant l'un l'autre! Les petits jeunes ne manquent pas de ressource de nos jours...

Mon frère ne l'entendit pas de cette oreille et se redressa en me repoussant fortement. Je gardai néanmoins l'équilibre et mes pieds retournèrent avec agilité sur la terre ferme. A présent, il me faisait face, et je pouvais croiser son regard. Un instant, j'eus l'impression que ce que je faisais était mal... Mais cela s'estompa bien vite : il m'avait volé ma proie et tout ce qui comptait était de l'en écarter !

Pourtant, les paroles du vampires me firent hésiter à foncer sur mon frère. ... Et s'il en profitait pour terminer mon repas pendant que je me battais avec le premier voleur ? J'étais devant un dilemme car ils en voulaient tous au sang que j'avais durement acquis ! Mais "il" était le plus proche... C'est donc lui que je choisis d'éliminer en premier, ou du moins d'éloigner le plus rapidement. Je voulais le blesser, parce qu'il m'avait lui aussi blessée par ses paroles et par ses actes !

Une nouvelle fois, je me jetai sur lui, crocs dehors afin de les enfoncer dans sa chair. Il fallait absolument le mettre hors-jeu ! Il n'était pas question que je perdre, j'avais bien trop faim pour ça !!

Elle ne me laissait décidément pas de repis! Et comme, elle était plus agile que moi, en plus elle esquivait et se relevait bien plus facilement. Pourtant lorsqu'elle se jeta sur moi, j'attrapais ses poignets, me prenant quelques coups au passage, et lui donnait à plusieurs reprises, de violent coup de pied dans l'estomac. Je l'éjectais à nouveau plus loin, pour me remettre en garde. Bien sûr cet échange n'avait même pas durer trente secondes.

Rah dégage, Esmée!

C'était vraiment pas simple de se battre contre sa propre soeur. Même si dans notre cas c'était pour son bien que je faisais ça. Pourtant les paroles des autres vampires ne me laissaient pas indifférent. Peut-être étais-ce la meilleure des solutions de les laisser faire? Ce serait bien plus rapide puis-ce que toute façon nous allions être condamnés à mourir. Enfin, mourir était bien grand mot.

Aller c'est mou tout cela! C'est tout ce que tu as dans le ventre petite soeur? Je vais te la dévorée ta proie si tu ne réagis pas plus vite!

Et pour appuyer mes paroles, je me jetais sur la barque pour attraper le cadavre décapité et le traîné derrière moi.

Ses coups m'étaient à peine douloureux, je ne les ressentais quasiment pas tellement mon esprit était obnubilé par une seule chose, et par rien d'autre. Il n'y avait même plus de place pour la douleur. Je me réceptionnai au sol sans difficulté, comme si j'avais fait ça toute ma vie. Encore une fois, en croisant son regard, je faillis flancher, me demandant un instant pourquoi je faisais ça. Mais sa provocation mit trop vite fin à mes doutes : il ne l'aurait pas !

Un nouveau grondement, bien plus féroce encore, s'échappa de ma gorge. Il avait touché mon bien, mon précieux cadavre dégoulinant de sang, ce sang qui m'était réservé à moi et à moi seule !

N'y touche pas ! C'est à moi !!

Une nouvelle fois, je fondis sur lui et le percutai si fort que j'en fus moi-même légèrement sonnée. Je réussis à lui faire lâcher l'homme sans tête et je m'en saisis pour le jeter plus loin, à l'abri.

Si tu continues à vouloir me la voler, tu finiras comme elle... disaient explicitement mes yeux braqués dans ceux de mon jumeau.

Ma provocation sembla prendre. Bien sûr, il y avait peu de chance que cela foire puis-ce que je m'étais attaquer à la chose la plus précieuse pour elle en ce moment, mais on ne savait jamais. Avec Esmée, une donnée sûre pouvait ne plus l'être en moins d'une seconde, j'étais bien placer pour le savoir.

Tu pourrais au moins partager un peu! Moi aussi je meurs de faim!

Me rattrapant à un mur sur l'autre rive, mes yeux se portèrent sur le cadavre qui avait attérit dans la poussière, dans une zone qu'elle pensait pouvoir contrôlée tout en tentant de m'éliminer. Beurk, d'habitude elle n'aurait pas supporter d'avaler un truc aussi dégoûtant.

Je me laissais retomber sur le sol et en grondant méchament, nos humeurs étaient réellement communicatives, je me jetais sur elle pour griffer sa peau. Un peu plus et c'est une escalope de chair qui allait partir! Bien que je commencais à m'énerver, je devais quant même prendre soin de ne pas l'amochée...

Partager ? Non mais il rêvait vraiment là ! Jamais je ne partagerais une telle chose, même pas avec lui ! Surtout après qu'il ait tenté de me voler ma proie rien qu'à moi !! Il n'avait qu'à demander gentiment... De toute façon non, je ne lui aurais rien donné !

Trouve-toi autre chose, ce sang est à moi !

Ce fut son tour de m'attaquer pour tenter de me voler. Il griffa ma peau et cette fois-ci, je ressentis bien la douleur qui allait avec ! Ce qui m'enragea bien plus encore... S'il osait faire couler mon sang, c'était la guerre qu'il déclarait ! Pour l'instant, je l'avais seulement frappé, son sang était toujours bien caché dans son corps. Mais percevant le mien s'échapper des endroits où ses griffes m'avaient touchées, je vis rouge...

Cette fois-ci, mes crocs pénétrèrent sa peau dans le but de la déchiqueter. S'il se débattait mal, son bras serait arraché.

Cette folle furieuse avait vraiment pour but de me mettre en pièce cette fois! Je voulais bien qu'il fallait être gentil, mais je ne pouvais quant même pas la laisser me déchiquetter avec un grand sourire en la félicitant.

N'osant pas bouger, je la laissais saigner mon bras en analysant la situation. Il me fallait trouver une idée, si je ne voulais pas me retrouver amputer d'un bras après seulement cent ans d'existence.

Esmée arrête ça tout de suite!

Frappant son visage de mon poing libre, je sentis très nettement la douleur s'échapper de mon bras. Elle était partie avec un morceau mon avant-bras, heureusement rien de bien méchant c'était quant même follement douloureux. Quelle barge!

Il finit par m'envoyer bouler avec un morceau de son bras que je recrachai aussitôt : la chair de vampire ne m'intéressait pas et était plutôt dégoûtante. Il avait beau me demander d'arrêter, il était trop tard pour ça ! Il ne fallait pas me provoquer consciemment !

Non, je ne te laisserai pas me tendre un piège ! Je ne suis pas aussi bête que tu le crois ! Je ne me laisserai pas prendre aussi facilement...

Pour lui éviter de réagir à mes paroles avant moi, je lui sautai dessus, ce qui nous fit basculer tous les deux dans l'eau. Je crochetai ses bras et me collai à lui, enfonçant mes canines ensanglantées dans sa jugulaire : si je ne pouvais pas avoir un humain, alors j'aurais son sang. Je le trouvais d'ailleurs bien meilleur !